Le « chef de ménage » : un point de défaillance unique dans la distribution de l’aide
À travers les rapports de six États membres, une pratique opérationnelle est identifiée à plusieurs reprises comme un principal mécanisme d’exclusion des femmes : la dépendance envers le « chef de ménage » (CdM) pour l’enregistrement, la communication et la distribution de l’aide.
Ce raccourci administratif, profondément ancré dans les normes patriarcales, constitue un point de défaillance unique qui bloque l’accès des femmes à un soutien vital et peut même accroître leur vulnérabilité.
Principales conclusions analytiques
Exclusion de l’enregistrement : le modèle du CdM est l’option par défaut pour l’enregistrement des bénéficiaires. Les rapports du Sénégal, de la Zambie et du Zimbabwe déclarent explicitement que cette pratique exclut systématiquement les ménages dirigés par des femmes, les ménages dirigés par des enfants, les veuves et les femmes mariées dans des mariages polygames qui ne sont pas désignées comme l’épouse « principale ».
Blocage des alertes précoces : le CdM est également la cible principale de ces alertes. Les rapports de la Zambie et du Ghana notent que l’information est souvent diffusée par des canaux dominés par les hommes, tels que les réunions communautaires convoquées par des chefs traditionnels (qui sont des hommes) ou des alertes sur téléphone portable envoyées au CdM (supposé être un homme). Cela laisse les femmes, souvent à la maison ou dans les champs, mal informées.
Renforcement des normes néfastes : cette pratique n’est pas seulement administrative ; elle renforce des normes sociales nocives. Le rapport du Sénégal note que, même dans un ménage dirigé par une femme, celle-ci peut désigner son fils adulte en tant que « chef » pour se conformer aux attentes culturelles. Le rapport de la Zambie relie cela directement aux « croyances traditionnelles selon lesquelles les hommes sont les chefs ».
Alimenter les conflits domestiques et la VBG (Violence basée sur le genre) : lorsque l’aide est distribuée à un CdM masculin, en particulier sous forme d’argent liquide, elle échoue souvent à atteindre les femmes et les enfants de la famille. Les rapports de la Zambie et du Zimbabwe établissent un lien direct et alarmant : cette pratique constitue un « déclencheur connu de VBG » et peut « alimenter des conflits » autour du contrôle des ressources.
Résultat
Le modèle du « chef de ménage » est un système défaillant. C’est un mécanisme de distribution inefficace et à haut risque qui ne parvient pas à atteindre une part significative de la population concernée. Ce n’est pas simplement une commodité administrative ; c’est une barrière active à l’équité qui peut contribuer directement à la violence fondée sur le genre.
