Catastrophes et moyens de subsistance : un choc économique sexospécifique
Ce qui ressort des rapports, c’est que les catastrophes ne sont pas seulement des crises humanitaires ; ce sont des chocs économiques importants qui affectent les moyens de subsistance selon des critères de genre clairs. Les moyens de subsistance des femmes sont souvent les premiers à être affectés et les derniers à se rétablir, une réalité fréquemment négligée dans les programmes de relèvement « taille unique ».
Principales conclusions analytiques
Vulnérabilité différenciée : Les femmes dépendent de manière disproportionnée des moyens de subsistance les plus vulnérables aux chocs climatiques. Alors que les hommes peuvent dominer l’emploi formel ou le bétail à grande échelle, les activités économiques des femmes se concentrent sur :
– * Agriculture de subsistance pluviale (susceptible de sécher).
- Petit commerce informel sur les marchés (souvent situés dans des zones inondables).
- Collecte de ressources naturelles telles que l’eau et le bois de chauffage (qui deviennent rares lors des sécheresses).
Destruction des actifs spécifiques aux femmes : Lorsque des catastrophes surviennent, elles détruisent le capital spécifique sur lequel les femmes comptent. Le rapport du Sénégal décrit comment les femmes ont perdu leur petit bétail (volaille), leurs céréales en stock, ainsi que leur équipement de transformation alimentaire en raison des inondations. Le rapport sur la Côte d’Ivoire met en évidence les femmes impliquées dans des activités de démolition de rochers à risque élevé dans les régions montagneuses de haute altitude.
Programmes de relèvement biaisés : Les initiatives de relèvement après une catastrophe, telles que « nourriture contre travail » ou « argent contre travail », renforcent souvent les préjugés sexistes. Le rapport du Zimbabwe note que ces programmes sont stéréotypés : les hommes s’occupent de tâches « lourdes » (et souvent mieux rémunérées) dans la construction, tandis que les femmes se voient confier des tâches « légères » (moins bien rémunérées), comme cuisiner ou ramasser de petits débris. Cela limite la capacité des femmes à acquérir de nouvelles compétences résilientes et maintient leur dépendance économique.
Obstacles à la reprise financière : Les femmes rencontrent de plus grands défis pour reconstruire leurs moyens de subsistance. Elles ont un accès limité au crédit formel et aux services financiers. Le rapport du Ghana indique que les femmes sur les marchés manquent souvent d’assurance pour leurs biens. Le rapport sur le Sénégal décrit comment les difficultés économiques après une catastrophe obligent les femmes à s’endetter, ce qu’elles sont généralement incapables de rembourser.
Résultat
La reprise après sinistre demeure un programme économique. Le fait de ne pas concevoir des efforts de relèvement visant à reconstruire les moyens de subsistance propres aux femmes perpétue l’inégalité entre les sexes, ce qui entraîne un manque réel de résilience économique à l’échelle de la communauté.
