Posted on: By: Antoine
Description
La présente étude analyse le genre dans le secteur de la gestion des risques de catastrophes et formule des recommandations devant intégrer le cadre de collaboration entre FAO, ARC et ONU-Femmes. Afin d’atteindre les objectifs visés, cette étude a porté essentiellement sur l’approche qualitative. Ainsi, au-delà de la revue documentaire, des guides d’entretien individuel et collectif ont été utilisés dans les régions de St Louis et de Kaffrine afin de diversifier et de trianguler les informations.

Le profil de catastrophe montre que le Sénégal est vulnérable aux catastrophes, notamment aux inondations, aux sécheresses, à la dégradation des terres, à l'élévation du niveau de la mer et aux infestations de sauterelles. Le Sénégal est un pays hautement vulnérable aux effets du réchauffement, et les mesures d’adaptation en place au niveau national sont insuffisantes face aux aléas climatiques croissants.

Afin de faire face à la vulnérabilité des espaces habités, le Sénégal a mis en place des politiques de prévention des risques. Il a signé et ratifié de nombreux traités à l’échelle mondiale et a également développé des politiques sur la gestion des risques de catastrophes, étant sensibles au genre dans la plupart (CEDEF, Maputo, ODD, Cadre d’action de Sendai, SNEEG, Stratégie nationale de réduction des risques de catastrophe pour la période 2022-2030, etc.).

L’on note une volonté politique en matière d’égalité des genres au Sénégal avec la mise en œuvre de la stratégie nationale d’équité et d’égalité de genre pilotée par le ministère de la Femme, Famille et Protection de l’enfant. Toutefois, l’opérationnalisation du genre dans les interventions des secteurs compétents reste faible. La mise en place d’un dispositif facilitant l’existence de données désagrégées reste encore absente.
Des réajustements sont pensés suite à des lacunes faisant référence à la faible intégration du genre dans les politiques/programmes en raison d’une faible planification sensible au genre.
Par ailleurs, le risque lié aux catastrophes est vécu au quotidien par les populations qui l’acceptent en raison d’absence d’une culture de risque. Des facteurs externes non contrôlables telles que les inondations sont considérées comme une fatalité. Les pertes en biens et matériels sont inestimables particulièrement chez les femmes en tant que responsables des ménages et gardiennes du foyer. Des dommages qui se manifestent par la perte des gains sur les activités menées à domicile ; les emplois productifs en dehors du domicile (autant chez les hommes et les femmes), la surcharge de travail /l'augmentation du travail reproductif. Aussi, les femmes pendant la période de sinistre sont confrontées à des difficultés économiques énormes entrainant un endettement ou/et une incapacité de remboursement des dettes ou des prêts. Une situation de stress économique règne d’une manière permanente dans les familles touchées. Toutefois, malgré les efforts de l’ANACIM, certains acteurs restent toujours limités en matière de prévention des risques. Les indicateurs sensibles devant prendre en compte les situations spécifiques des hommes et des femmes et les différentes catégories de la population vulnérables sont inexistants.

L’on note une gestion partagée entre l’État, la Société civile, le Secteur privé et les Partenaires techniques et financiers. Les stratégies de coordination sont multisectorielles et coordonnées par la Direction de la Protection Civile. Les consultations régionales pour l’élaboration du document stratégique en matière de gestion des risques prennent en compte les difficultés des acteurs.trices par rapport aux situations vécues à tous les niveaux même les plus reculés pour toucher les femmes.

Il y a la présence et la participation des hommes et des femmes dans le comité national (COMNACC). Toutefois, le niveau d’implication des femmes est très faible dans la prise de décision. Par ailleurs, l’assurance nationale est portée par l’Etat. S’agissant de l’assurance agricole, c’est à travers les projets que se font la sensibilisation des organisations de producteurs. Cependant, il se pose parfois un problème de communication et de sensibilisation chez des acteurs qui ne sont pas sensibilisés par rapport aux réalités de l’assurance. Dans la sensibilisation, il peut y avoir des éléments d’informations manquants qui peuvent aboutir à une incompréhension de la part de l’assuré pour ses produits.

Les populations (H/F) demeurent vulnérables en matière de gestion de risques de catastrophes au Sénégal malgré les efforts fournis en matière d’accès à l’information ainsi qu’à l’assurance. Il y a des blocages dans l’utilisation des informations reçues et surtout dans l’applicabilité. La vulnérabilité du ménage est aussi un facteur bloquant pour la souscription d’une police d’assurance. Un système d’adaptation aux réels besoins est à repenser pour plus d’efficacité dans la police d’assurance.

Des lacunes faisant référence à la faible intégration du genre ressortent dans les politiques/programmes en raison d’une faible planification sensible au genre. Le registre national pour le recensement se base sur le critère de « chef de ménage »; vu cette limite, il est important d’approfondir les enquêtes ménage spécifiant le sexe dans la collecte des données en matière de gestion des risques de catastrophes.
Ainsi, des recommandations phares sont formulées pour une meilleure considération du genre dans les actions de gestion de risque de catastrophes :

1. Définition d’un cadre de coordination entre le Ministère de l’Intérieur et le ministère de la Femme, Famille et Protection des enfants en matière d’intégration du genre dans la Gestion des Risques de Catastrophe impliquant la coordination des plans sectoriels ;
2. Renforcement des capacités des sectoriels dans l’élaboration de leur plan GRC et mener des audits genre dans tous les ministères sectoriels pour connaitre les problèmes rencontrés par les hommes et femmes et formuler des stratégies genre ;
3. Renforcement de capacité sur les considérations genre dans la gestion des risques des catastrophes auprès des acteurs.trices institutionnels et communautaires ;
4. Réalisation d’une étude permettant d’identifier les risques suivant les besoins spécifiques des hommes et des femmes impliquant toutes les parties prenantes afin de disposer d’un bon diagnostic spécifiant les besoins, les contraintes, les intérêts des hommes et des femmes en matière de gestion des catastrophes ;
5. Formulation d’une cartographie nationale des risques de catastrophes ;
6. Formulation d’indicateurs de résilience sensibles au genre sur la base de données désagrégées par sexe et par âge pour répondre à la question de la planification sensible au genre.
7. Amélioration des plaidoyers pour une meilleure intégration des femmes et des groupes vulnérables (H/F) en matière de gestion des risque des catastrophes ;
8. Développement des Services climatiques, d’assurance de même que des systèmes d’alerte précoce axés sur les inondations/sècheresse et adaptés aux besoins spécifiques des femmes et des hommes ;
9. Soutien des actions favorisant la résilience des hommes et des femmes, par exemple appui d’actions de sensibilisation au niveau de la base dans les communautés dans l’identification de « best practices » (bonnes pratiques) pour appuyer la résilience des communautés face aux risques de catastrophes avec la collaboration des leaders communautaires et des leaders religieux.
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Participants at the Validation workshop of the Gender Analysis Report
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ARC
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